jeudi 10 janvier 2008

Sur une toile de Michael Whelan

Les textes presentés sous "En vos mots" ont été publiés, une première fois, dans le jardin de Lali.


Il a troqué ses livres contre une plume.

À vous de le raconter, d’explorer ses tourments, de soulever les voiles de son inspiration, de nous dire ce qu’il est ou ce qu’il écrit.


Le poète de Michael Whelan existera grâce à vous et pas autrement.


Il fait partie de la galerie des histoires à inventer qu’est la catégorie En vos mots, la vôtre. Celle qui, chaque dimanche, nous réunit autour des écrits de la semaine et ouvre les pages d’un autre chapitre.


Puisse le poète se livrer un peu. Puisse-t-il susciter en vous quelque histoire que nous lirons tous avec plaisir.


Bon dimanche à vous tous!




Je savais depuis toujours qu’un jour nos regards se croiseraient. Je ne savais pas quand. Ni où. Mais je savais qu’il y aurait une première fois, qui ressemblerait au premier sourire que l’humanité a vu naître, sans vraiment s’apercevoir que c’était le tout premier sourire.

J’ai toujours su, qu’un jour, on serait là, tous les deux, assis, au bord de notre nuage couleur Noël, à regarder le monde passer sans nous voir, et à nous enivrer de ce doux parfum que les hommes appellent l’amitié. À vrai dire, je ne sais pas si ça s’appelle vraiment l’amitié. Puis, je m’en fous éperdument de savoir comment ça s’appelle. Je n’ai pas la moindre envie de lui donner un nom. Les noms deviennent esclaves des définitions contraignantes des dictionnaires. Seul ce qui n’a pas de nom reste intouchable et libre.

Tu as dû naître le jour où mon frère d’enfance est parti rejoindre l’éternité des étoiles.

J’étais sur qu’il ne s’était pas perdu, pour toujours, dans les abîmes de l’oubli. Je savais qu’il vivait ailleurs que dans mon cœur.

J’aurais reconnu son sourire au bout de mil chemins arides. J’aurais reconnu son regard vif et timide, comme une source d’eau cristalline. Je l’aurais reconnu parmi tous les enfants sans nom cherchant un peu de chaleur.

Je savais que je serais allé vers toi comme un papillon vers la lumière. Je savais qu’on se dirait les mots d’enfance qu’on s’est dits. Les mêmes mots qui nous font sentir plus forts et avoir moins peur. Parce qu’ensemble veut dire indestructibles. Et je sais que malgré nos différences et nos distances, on est pareils. Comme deux frères siamois, liés par les fils invisibles du cœur. Pour toujours.

Tu fais partie de ces gens qu’on reconnaît bien avant de les avoir vus. Parce qu’on a toujours vécu avec eux. Avec le silence pour compagnie. Nous parlons uniquement parce que ne pouvons pas nous voir. Parce que nous ne pouvons pas nous toucher. La présence n’a pas besoin de mots.

Nous aurons le même air pour respirer, le même ciel, le même soleil qui nous caressera la peau. À quoi bon nous dire encore des mots, alors que tout est déjà dit dans les lignes de nos mains. Il nous faut juste se regarder, se sourire et avoir la certitude que le petit village de notre cœur est bien plus vaste que l’univers.


[Armando Ribeiro, publié au pays de Lali le 28 mai 2007 @ 7:08]

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Adrien est très tourmenté. Cela fait bientôt deux mois qu'il a perdu son travail. Pourtant, c'était un employé exemplaire. Sa femme est au courant bien sûr. Pour l'aider, elle fait des ménages, se tue à la tâche. Il trouve cela inacceptable. De son côté, il cherche du travail mais toutes les portes se referment sur lui. Il n'est pas assez si... pas assez cela... et leur réserve d'argent n'est pas sans fond. Ils ont dû vendre, tableaux, livres et certains meubles. Et que va devenir leur petite Gislaine ?

Toutes les nuits, il fait des cauchemars, en fait, toujours le même. Il se voit sous terre comme un rat et il ne peut pas sortir. Il se réveille en sursaut, en sueur. Cette nuit là, réveillé toujours à la même heure, il se dit que cela ne peut continuer.

Il prend une feuille, sa plume et décide d'écrire au Gouvernement. Cette situation ne peut pas s'éterniser. Il écrit, il écrit, il vide son coeur. Lorsque le soir, il voit sa femme rentrer, exténuée et s'écrouler sur le lit, non cela ne peut pas continer.

Cette lettre, il ira la porter lui-même et discutera très fermement aussi.

Adrien est amer, très triste mais lucide. Il sait que chacun à sa croix mais la sienne est trop lourde maintenant. Il est au bord du gouffre.

Le fait d'avoir couché sur papier tout ce qu'il avait à dire, redonna en lui une petite lueur d'espoir, une toute petite lueur mais c'est déjà cela.
Son coeur lui dit qu'il verra très vite la fin du tunnel.

Bientôt, meubles, tableaux et livres reprendront leur place.