jeudi 24 janvier 2008

Sur une toile de James Rizzi...

Les textes presentés sous "En vos mots" ont été publiés, une première fois, dans le jardin de Lali.




C’est chaque dimanche un bonheur que celui de valider les textes de la semaine et celle qui vient de se terminer a été l’occasion de belles envolées lyriques. Merci à vous cinq qui avez laissé ici de très beaux textes que tous auront plaisir à lire, je le sens.

Et parce que l’idée de la catégorie
En vos mots est de se laisser inspirer par des tableaux, des sculptures, des illustrations, il faut pour ça varier le menu.

La toile du jour, celle de
James Rizzi, a un petit côté sympathique. Voire même humoristique. À vous de voir si elle vous racontera quelque aventure, quelque anecdote, quelque épisode matinal.

Amusez-vous!






Je regarde ce tableau de Rizzi et j’ai bien peur qu’il ne m’inspire que la vision d’un couple usé par le temps…

J’ai toujours était fasciné par ces couples. Que le temps transforme. Chaque jour. Où chacun finit par construire son monde parallèle et ne reçoit de l’autre que convenances. Ces couples tellement seuls l’un et l’autre que leur indifférence et parfois leur haine les aident à vivre ensemble.

Il me vient à l’idée la visite d’un ami cher. Je voudrais dire un ami à moi. Rien qu’à moi. Jalousement gardé dans mon cœur, comme un frère de sang, que je ne voudrais qu’aucun vent mauvais n’abîme. Je me demande si, après quelques jours passés dans l’intimité de nos 30 ans de couple, il lui est venu à l’esprit une vision d’un couple « usé par le temps »… Le regard des autres est tellement plus pertinent que le nôtre sur nous-même. Le regard des amis est aussi précieux que l’eau dans le désert.

Ce matin, nous avons de nouveau parlé de cet ami. Je crois que depuis qu’il s’en est allé, il nous revient chaque jour, comme une présence indélébile dans les entrailles de nos mémoires.

Que penserait notre précieux ami de notre vieux couple de 30 ans?… Trente ans… Mon Dieu, on dirait que c’était hier, malgré toutes les épreuves de la vie.

Je veux bien dire notre ami. Rien qu’à nous. Jalousement gardé dans nos cœurs. Comme quelqu’un qu’on aime, tout simplement. D’ailleurs, existe-t-il une autre manière d’aimer qu’aimer tout simplement ?



[Armando Ribeiro, publié au pays de Lali le 17 juin 2007 @ 7:04]


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tous deux lisent le journal et Viviane est en train de lire un article à son mari. Mais lui, n'entend rien, ne voit rien, que la page des sports.

Viviane se dit : c'est bien joli ces déjeuners en tête à tête mais il n'y a plus cette petite étincelle des premières années de mariage. Comme c'est dommage. C'est alors que lui vient l'idée d'offrir un magnifique poème à son mari pour la Saint-Valentin, dans quelques jours.

Peut-être, se dit-elle qu'il sera tout ému, qu'il n'aura pas vu les années passer et pense déjà à leurs futurs petits-déjeuners à parler, à faire des projets, à rire car il ne faut pas perdre de temps. Le temps passe trop vite. Oh, vivement le 14 février.


L'Éternelle Chanson

Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.

Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encor de jeunes amoureux;
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.

Nous nous regarderons assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.

Sur notre banc ami, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant souvent par un baiser.

Combien de fois jadis j'ai pu dire : "Je t'aime!"
Alors avec grand soin nous le recompterons:
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même
De petits riens exquis dont nous radoterons.

Un rayon descendra, d'une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose se poser,
Quand sur notre vieux banc, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.

Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Qu'importeront alors les rides du visage?
Mon amour se fera plus grave et plus serein.

Songe que tous les jours des souvenirs s'entassent;
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens:
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens.

C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main,
Car vois-tu, chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.

Et de ce cher amour qui passe comme un rêve
Je veux tout conserver dans le fond de mon coeur:
Retenir, s'il se peut, l'impression trop brève
Pour la ressavourer plus tard avec lenteur.

J'enfouis tout ce qui vient de lui comme un avare,
Thésaurisant avec ardeur pour mes vieux jours:
Je serai riche alors d'une richesse rare:
J'aurai gardé tout l'or de mes jeunes amours!

Ainsi de ce passé de bonheur qui s'achève
Ma mémoire parfois me rendra la douceur;
Et de ce cher amour qui passe comme un rêve
J'aurai tout conservé dans le fond de mon coeur.

Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.

Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore aux jours heureux d'antan,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et tu me parleras d'amour en chevrotant.

Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.

- Rosemonde Gérard -