mardi 20 novembre 2007

Mon clown se moque de moi


Quelquefois, mon clown me regarde d’un air moqueur, avec ses joues blanchies et son nez rouge.

Faut vous dire que je lui laisse tout de même certaines libertés puisqu’il fait partie de la famille depuis… oh la la… j’ose même pas vous dire depuis quand de peur de lever un voile indiscret sur mon âge.

Le pauvre s'est déjà cassé un pied il y a une dizaine d’années et j’ai dû le recoller avec soin. Je crois d’ailleurs que notre profonde amitié a été scellée ce jour-là.

J’ai alors, pendant sa convalescence, décidé de l’installer dans mon bureau et désormais, il est devenu l’ami silencieux de mes nuits, de mes rêves, de mes espoirs, de mes excés, de mes rires et de mes tristesses. Il connaît le parfum de tous ces silences inavouables. Il connaît tous mes voyages dans des pays qui n’existeront jamais, car j'ai cru en l’amitié s’envolant libre et heureuse dans un ciel immensément bleu, comme des oiseaux en quête de bonheur. Des oiseaux de toutes les races partageant les plus beaux et plus juteux fruits de la forêt. Pour longtemps. Peu importe la beauté de leur plumage.

Mon clown connaît mes humeurs à la façon avec laquelle je m’acharne sur mon azerty pour écrire mes états d’âme.

Il écoute des larmes qu’il ne répète jamais. Et certains soirs de grand déception, je crois que je sens sa main sur mon épaule, me caressant tendrement. Pour me dire que lui, il est là. Toujours.Qu'il se moque bien de mes habits de fortune. De mes richesses et de ma pauvreté. Et qu'il n'a de meilleur ami que moi. Et moi, je crois qu'il ne me ment pas. Et moi, je sais qu’il ne me décevra jamais.

Mais je vous répète que je le soupçonne d'être un peu taquin et de me regarder quelquefois d’un air moqueur.

Comme s’il voulait me dire qu’il savait, depuis toujours, que j’allais me casser la tronche, à l’ombre des amitiés des arbres qui ont pour seul feuillage la bêtise humaine.

Je l’entends me dire que j'aurais dû me méfier des arbres artificiels qui ne perdent pas leurs feuilles à l’automne et qui ne fleurissent jamais au printemps et où les oiseaux épris de liberté ne s'attardent pas pour faire leur nid.

Et moi, je lui souris. Je sais qu’il a raison. Je sais qu’il me tiendra compagnie quoi qu’il m'arrive. Même si c’est moi qui quelquefois prends sa place. Et je fais le clown à mon tour. Et même s'il ne me trouve pas très drôle...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Les amitiés des arbres qui ont pour seul feuillage la bêtise humaine n'apportent qu'ombrages
Regarde le ciel il est clair

Anonyme a dit…

Un clown comprend toujours son compagnon même s'il a l'air un peu moqueur. C'est une façon à lui de le faire rire et de lui donner confiance.