A la façon qu'elle prononçait « papa », j’ai tout de suite compris que le héros de sa vie, c’était lui.
J’ai dès lors pris la sage décision de rester dans la position de celui qui attend les événements, même si je savais que j’allais avoir du mal à retenir ma nature.
« Son » papa, selon ses dires, ressemblait à ces hommes qu’on faisait dans un autre temps, les jours de commandes spéciales. Ces êtres humbles et intègres. Juste ce qu’il faut de fantasque, pour remplir les souvenirs de tendresses ineffaçable.
« Son » papa, avait ce caractère rigoureux, revêtu d’un humour grimaçant, à la manière dont il pouvait lui dire : « N’oublie pas un peu de rouge à lèvres … »
Et j’ai compris qu’à la manière dont elle parlait de « son » papa qu’il ne pouvait être que quelqu’un de bien.
Notre première poignée de main a été franche et sans détour.
Nous avons très vite échangé les mots de convenance et nous nous sommes approchés pour parler à une hauteur de voix qui nous convenait.
Papa m’a invité à rester avec lui, à la cave, pour déguster entre hommes un verre de Porto. Le même pour nous deux.
Elle voyageait régulièrement entre la cuisine et la cave. Apeurée sans doute de nous voir si complices, si proches l’un de l’autre. Moi et « son » papa.
Nous ne nous sommes pas quittés avant de nous faire la promesse de nous revoir.
Sur le chemin de retour, elle m’a regardé comme si j’étais une sorte de sorcier « vaudou ». Mon père qui te fait la bise. Mais j’ai jamais vu ça, moi!… Mon papa qui boit du même verre que toi. Mais j’ai jamais vu ça, moi!...
Je rêve, qu’elle disait. Mon père n’a jamais fait des trucs pareils…
Et moi, je crois qu’au fond d’elle-même, elle était profondément heureuse d’avoir vu son « papa » boire du même verre que moi.
Parce que c’était moi. Parce que c’était son papa « ce » héros…
Et, sans m'apercevoir, les mots de Hugo dans La Légende des siècles, sont venus de mémoire, et c'était sa voix à elle que j'entendais, douce comme un murmure, me réciter par coeur ces vers :
J’ai dès lors pris la sage décision de rester dans la position de celui qui attend les événements, même si je savais que j’allais avoir du mal à retenir ma nature.
« Son » papa, selon ses dires, ressemblait à ces hommes qu’on faisait dans un autre temps, les jours de commandes spéciales. Ces êtres humbles et intègres. Juste ce qu’il faut de fantasque, pour remplir les souvenirs de tendresses ineffaçable.
« Son » papa, avait ce caractère rigoureux, revêtu d’un humour grimaçant, à la manière dont il pouvait lui dire : « N’oublie pas un peu de rouge à lèvres … »
Et j’ai compris qu’à la manière dont elle parlait de « son » papa qu’il ne pouvait être que quelqu’un de bien.
Notre première poignée de main a été franche et sans détour.
Nous avons très vite échangé les mots de convenance et nous nous sommes approchés pour parler à une hauteur de voix qui nous convenait.
Papa m’a invité à rester avec lui, à la cave, pour déguster entre hommes un verre de Porto. Le même pour nous deux.
Elle voyageait régulièrement entre la cuisine et la cave. Apeurée sans doute de nous voir si complices, si proches l’un de l’autre. Moi et « son » papa.
Nous ne nous sommes pas quittés avant de nous faire la promesse de nous revoir.
Sur le chemin de retour, elle m’a regardé comme si j’étais une sorte de sorcier « vaudou ». Mon père qui te fait la bise. Mais j’ai jamais vu ça, moi!… Mon papa qui boit du même verre que toi. Mais j’ai jamais vu ça, moi!...
Je rêve, qu’elle disait. Mon père n’a jamais fait des trucs pareils…
Et moi, je crois qu’au fond d’elle-même, elle était profondément heureuse d’avoir vu son « papa » boire du même verre que moi.
Parce que c’était moi. Parce que c’était son papa « ce » héros…
Et, sans m'apercevoir, les mots de Hugo dans La Légende des siècles, sont venus de mémoire, et c'était sa voix à elle que j'entendais, douce comme un murmure, me réciter par coeur ces vers :
Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,
Parcourait à cheval, le soir d’une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit.
C’était un Espagnol de l’armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié,
Et qui disait : « À boire ! à boire par pitié ! »
Mon père, ému, tendit à son hussard fidèle
Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,
Et dit : « Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. »
Tout à coup, au moment où le hussard baissé
Se penchait vers lui, l’homme, une espèce de Maure,
Saisit un pistolet qu’il étreignait encore,
Et vise au front mon père en criant : « Caramba ! »
Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
« Donne-lui tout de même à boire », dit mon père.
2 commentaires:
profitez les heureux qui on encore son papa
Très belle complicité entre un père et sa fille.
Merci Armando pour ton magnifique texte et le poème de Victor Hugo.
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